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Cofondatrice de l’ensemble Les Surprises, réputé pour sa présentation de la musique des XVIIe et XVIIIe siècles sous un angle original, Juliette Guignard adopte ici une semblable démarche au bénéfice de la viole de gambe. Le titre, A la folie, de ce premier album enregistré en solo paraît plus que justifié au terme d’un parcours où la passion se décline dans l’audace. A preuve, ces transcriptions de pièces pour « piano préparé » de John Cage que Juliette Guignard pourrait légitimement revendiquer comme ses propres compositions. Le recours à des pinces à linge pour modifier le timbre des cordes apparente la viole à un instrument plus proche des vents, de type hindou, que des percussions balinaises « imitées » par Cage, mais la transe chorégraphique et l’incantation primitive qui dominent l’interprétation sont tout à fait conformes à l’idéal de l’iconoclaste Américain. Minutieusement conçu à partir du principe de la « suite de danses » en vogue à l’époque baroque, le programme confronte des pages récentes assez ternes (à l’exception de celles de Cage) et des pièces anciennes flamboyantes (Sainte-Colombe, Young, Abel). Cependant, c’est encore une transcription qui témoigne le mieux de l’exaltation propre à Juliette Guignard, avec la plongée du violon de Bach dans les eaux troubles de la viole. Pierre Gervasoni
Son ar Mein/UVM Distribution.
Ultime opéra de Rameau, Les Boréades (1763) – ni représenté ni édité du vivant du compositeur – a attendu 1982 et le Festival d’Aix-en-Provence pour connaître sa première intégrale scénique, sous la direction de John Eliot Gardiner, laquelle donnera lieu à une première captation phonographique. Suivra, en 2003, la version gravée par William Christie. Les 260 ans de la mort du compositeur nous valent la parution d’un nouvel enregistrement, qui bénéficie des dernières avancées de la recherche musicologique (instrumentarium, types de voix), emmenée par Sylvie Bouissou (Rameau, Opera omnia). Au sommet d’une distribution de haut vol, Sabine Devieilhe, dont la musicalité enchante tout autant que les qualités vocales superlatives. A ses côtés, la soprano belge Gwendoline Blondeel, technique magnifique, dont le timbre s’apparie à merveille avec celui de la colorature française. Les hommes ne sont pas en reste : de l’émouvant Reinoud Van Mechelen au flamboyant Benedikt Kristjansson (ténor islandais), sans oublier le dynamique Tassis Christoyannis, l’engagement de Thomas Dolié, la maestria de Philippe Estèphe. Sous la direction de György Vashegyi, la phalange hongroise Orfeo Orchestra est idéale de clarté dramaturgique et de sensualité, tandis que le Purcell Choir se distingue par son homogénéité et sa perfection prosodique en français. Marie-Aude Roux
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